Points de langue - 1 février 2010 - 2 min

Ce qui ou ce qu’il ?

Laquelle de ces deux tournures faut-il préférer : ce qui m’arrive ou ce qu’il m’arrive ?

Dans ce genre de construction, comme le mentionne l’article des guides d’Antidote consacré à la confusion entre qui et qu’il, le verbe arriver peut être utilisé de façon aussi bien personnelle qu’impersonnelle.

Dans l’emploi personnel, l’action exprimée par le verbe arriver est faite par un nom ou un pronom qui peut être repris par le pronom relatif qui :

Une malchance m’arrive.
La malchance qui m’arrive.
Ce qui m’arrive.

Dans l’emploi impersonnel, on utilise le pronom impersonnel il, ainsi appelé car il ne représente rien de précis, le sujet réel du verbe étant placé ailleurs dans la phrase. Dans cet emploi, les formes équivalentes des trois exemples précédents seront construites ainsi :

Il m’arrive une malchance.
La malchance qu’il m’arrive.
Ce qu’il m’arrive.

Avec un antécédent nominal, l’emploi personnel (la malchance qui m’arrive) est plus fréquent que l’emploi impersonnel (la malchance qu’il m’arrive). Avec le pronom ce comme antécédent, les deux emplois sont fréquents : ce qui m’arrive ou ce qu’il m’arrive.

Quant à la tournure à préférer avec ce verbe, c’est surtout une question de gout, de sensibilité. La tournure personnelle est plus simple et directe que l’impersonnelle, qui peut donner la vague impression de faire intervenir une troisième entité (le Destin ?) entre ce et moi : la malchance qu’« il » m’a destinée…

Outre arriver, il existe quelques verbes, comme rester, plaire ou advenir, qui permettent les deux constructions (ce qui reste ou ce qu’il reste). Dans le cas de plaire, les deux emplois ne sont pas interchangeables dans tous les contextes. On peut avoir des constructions personnelles de ce type :

Cette robe me plait.
Je porte la robe qui me plait.
Je porte ce qui me plait.

Mais l’équivalent impersonnel du premier exemple n’est pas permis :

*Il me plait cette robe.

Toutefois, l’emploi impersonnel est permis dans la construction plaire de suivie d’un verbe, ainsi que dans les constructions dérivées :

Il me plait de porter cette robe.
Je porte la robe qu’il me plait (de porter).
Je porte ce qu’il me plait (de porter).

Dans les deux derniers exemples, le segment entre parenthèses peut être omis, car le verbe porter alors sous-entendu se trouve par ailleurs en début de phrase.

Quant aux autres verbes, la plupart d’entre eux ne se prêtent qu’à l’emploi personnel :

Une pilule me guérira.
La pilule qui me guérira.
Ce qui me guérira.

Avec ces verbes, les constructions impersonnelles suivantes sont interdites :

*Il me guérira une pilule.
*La pilule qu’il me guérira.
*Ce qu’il me guérira.

Inversement, quelques verbes, comme falloir, se construisent toujours avec le mode impersonnel :

Il me faudra une voiture.
La voiture qu’il me faudra.
Ce qu’il me faudra.

Avec ces verbes, les constructions personnelles suivantes sont interdites :

*Une voiture me faudra.
*La voiture qui me faudra.
*Ce qui me faudra.

L’hésitation qu’on peut parfois éprouver au moment de choisir entre ce qui et ce qu’il s’explique en partie par le fait que la consonne l du pronom il est souvent escamotée à l’oral, ce qui rend alors les deux constructions identiques à l’oreille.

En conclusion, pour revenir au verbe arriver de la question initiale, l’on peut donc faire ce qui nous plait ou… ce qu’il nous plait !

Cet article a été concocté par
les linguistes d’Antidote

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