Histoires de mots - 7 octobre 2013 - 2 min

Bonne année celtique !

La date du 1er janvier marque le début de l’année civile presque partout sur Terre de nos jours, mais d’autres dates ont joué ce rôle selon les époques et les régions. Par exemple, les Romains commençaient originalement l’année au mois de mars ; les Celtes, au mois de novembre. Si on a perdu le souvenir de ces anciens jours de l’an, on en voit encore aujourd’hui des traces, soit dans les appellations des mois français, soit dans les coutumes. Ainsi les appellations des mois de septembre, octobre, novembre et décembre réfèrent à l’ancien calendrier romain, et les coutumes associées à la fête d’Halloween célébraient originalement le début de l’année celtique.

septembre, octobre, novembre, décembre

On pourrait douter de la capacité des Romains à compter quand on sait que les appellations septembre, octobre, novembre et décembre (september, october, november et december en latin) signifient proprement ‘septième, huitième, neuvième et dixième mois’. Ce décalage de deux mois par rapport à notre calendrier actuel ne résulte pas d’une erreur, mais d’un déplacement de la date du jour de l’an. En effet, le calendrier romain d’origine commençait l’année le 1er mars au lieu du 1er janvier.

Selon certaines sources, c’est en 153 av. J.-C. qu’on fixa le début de l’année civile au 1er janvier. Les choses se sont toutefois compliquées au Moyen Âge, alors qu’on se mit à numéroter les années en fonction de fêtes religieuses tout en gardant le 1er janvier comme premier jour du calendrier. En France par exemple, on ne numérote les années à partir du 1er janvier que depuis 1564, après les avoir numérotées à partir de Pâques du XIe au XVIe siècle. À cause du caractère mobile de cette fête, les mêmes dates autour de deux Pâques consécutives pouvaient appartenir à une même année, et n’étaient distinguées qu’en précisant leur position par rapport à ces Pâques (par exemple, 30 mars 1209 après Pâques et 30 mars 1209 avant Pâques, respectivement 30 mars 1209 et 30 mars 1210 de notre calendrier). Notons que le calendrier républicain, en usage de 1793 à 1805, faisait commencer l’année le 1er vendémiaire, soit le 22 septembre, parce qu’il correspondait au jour de la proclamation de la Première République.

Les noms des deux mois précédant septembre correspondaient eux aussi à un numéro d’ordre dans le calendrier romain d’origine. Les mois de juillet et aout s’appelaient en effet respectivement « cinquième » et « sixième » mois (quintilis et sextilis) avant qu’on décide de les remplacer par le nom de deux dirigeants : Jules César et Auguste.

Halloween

Comme l’ensemble des Celtes, les peuples gaéliques faisaient débuter l’année le premier jour du mois de Samhain (écrit aussi Samhainn ou Samhuinn), qui correspondait grosso modo à notre mois de novembre. Avec le raccourcissement des jours, on croyait que la frontière entre le monde des vivants et celui des esprits s’amincissait, laissant s’échapper ceux-ci, qui en profitaient pour errer parmi les vivants lors de la veille de Samhain (Oíche Shamhna ou Oidhche Shamhna en gaélique). Pour éviter d’être tourmentés, les vivants essayaient de les confondre en se déguisant et en installant devant leur maison des navets gravés à leur ressemblance.

L’Église tenta d’éradiquer cette fête païenne en choisissant le jour de Samhain pour la célébration de la Toussaint (All Hallows en anglais). Ce fut un demi-succès puisque, même si la Toussaint est devenue une fête religieuse, la veille de ce jour demeura plus ou moins païenne. L’appellation Oíche Shamhna a néanmoins été christianisée et anglicisée en (All) Hallows e'en, signifiant littéralement ‘soir de la Toussaint’. E’en est une contraction de even, un mot archaïque anglais dont a été dérivé l’anglais moderne evening ‘soir’.

Au milieu du XIXe siècle, de nombreux émigrants irlandais et écossais apportèrent cette tradition en Amérique du Nord, où le navet fut remplacé par la citrouille. Restreinte au début aux communautés irlandaises et écossaises, la fête se diffusa rapidement au début du XXe siècle parmi l’ensemble de la population anglo-saxonne nord-américaine, puis chez les francophones.

Le mot Halloween est devenu courant au Québec un peu avant la moitié du XXe siècle, tandis qu’il n’a commencé à se répandre en France qu’après 1960, où la fête est d’ailleurs moins populaire qu’au Québec. À cette différence de popularité s’ajoute une différence d’emploi : au Québec, le mot est accompagné du déterminant défini (fêter l’Halloween), alors qu’en France, il est employé seul (fêter Halloween).

Cet article a été concocté par
les linguistes d’Antidote

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